Mon but premier était de participer à un gala de charité organisé par l'hôpital pour récolter de l'argent pour l'hôpital afin de sûrement payer de nouveaux équipements sophistiqués – mais surtout pour mieux payer ses employés, enfin je l'espère –. Ce n'était pas le genre de truc auquel j'aimais assister – je m'en contrefous royalement mais comme mon chef, le grand manitou, m'a obligé à y participer, et bien j'y vais –, surtout seul. J'avais proposé à  Chris de m'accompagner mais il a poliment décliné, déjà trop occupé par son entreprise qui tourne à cent à l'heure. Si je voulais de la compagnie, c'était surtout pour ne pas que des infirmières en chaleur me tournent autour. J'étais totalement désespéré quand, au court d'un verre avec Timothy il y a quelques jours de cela, ce dernier m'offrit une opportunité de me faire accompagner. Je n'avais pas bien compris au début mais il éclaira ma lanterne et me dit qu'il connaissait quelqu'un sous le pseudonyme de "Nono" qui ferait très bien l'affaire. Comme je n'y connaissais rien à tout ce qui était du monde des escort-girl et escort-boy, j'acceptais, tout de même méfiant. En tout cas, ça avait l'air de faire plaisir à Timothy qui repartit après notre entretien, tout sourires.

   En ce moment-même, me voici planté devant ma buanderie, une serviette autour de la taille. Les gouttelettes d'eau qui coulaient jusqu'à mes yeux ne m'aidaient pas vraiment et m'empêchaient d'y voir clair. Je me frottais le visage du revers de la main avant de reporter mon attention sur mon placard. J'hésitais...puis finis par choisir une tenue totalement typique : un costard-cravate trois pièces noir accompagné de chaussures élégantes mais toujours noires. Seule la chemise était blanche, bien évidemment.
Je retournais ensuite vers la salle de bain et rangeais le rasoir utilisé récemment qui trainait sur le bord de l'évier avant de m'atteler à mes cheveux. Un peu de gel par-ci par-là et voilà mes cheveux disciplinés en arrière. Je vérifiais une dernière fois que tout allait bien puis descendis dans le salon. Un dernier coup d'œil à ma montre : il était bientôt l'heure de partir. Je choppais mon porte-feuilles, mon téléphone et mes clés de voiture sur le comptoir en les glissant dans mes poches avant de partir en fermant mon loft et en m'installant dans ma Camaro – un peu étrange de conduire une moto en costard –. Je démarrais et filais droit en direction de l'hôpital en espérant que Timothy avait bien envoyé les coordonnées de ce dernier à la personne qui m'accompagnerait.

   Les lampadaires dessinaient parfaitement les lignes de mon bolide en pleine nuit, jusqu'à ce que j'arrive enfin à l'endroit tant escompté. Je contournais le bâtiment et vint me garer sur le parking réservé au personnel. Je tournais les yeux quelques instants avant de voir un paquet de clopes par terre et un briquet juste à côté. Que faisaient-il là ? Depuis combien de temps n'avais-je pas fumé ? Ça me donnait bien envie, et puis peut-être que ça ferait fuir les gonzesses qui me tourneraient autour. Je fourrais donc le paquet et le briquet dans l'une de mes poches. Je descendis de la voiture, la bipant au passage avant de me diriger vers l'entrée se trouvant devant, de l'autre côté d'où je me trouvais. Je pensais qu'attendre mon accompagnatrice à l'intérieur ne servirait à rien – elle pourrait ne pas me trouver – alors je me postais à l'entrée, balayant des yeux devant moi.

   Au bout de quelques minutes, quand je vois que les gens affluent sans que je trouve la personne que je recherche – même si je ne sais absolument pas à quoi elle ressemble –, je me mets à allumer une clope. La fumée emplit ma gorge puis prend son temps à se balader dans mon organisme avant de ressortir d'entre mes lèvres. Wouaw, ça faisait longtemps que je n'avais pas touché à un truc comme ça et ça faisait du bien. On pouvait me prendre pour un bad boy ou quelque chose comme ça que je m'en fichais, et ça n'avait pas l'air de déranger les femmes qui passaient sur mon chemin, chacune d'entre elles me souriant avec charme. Cependant, je n'y prêtais pas vraiment attention et préférais perdre mon regard dans l'obscurité de la nuit. La cigarette couvrant quelques fois mon visage d'une mince couche de fumée.